Un peu par hasard - Qui a dit que je m'amuse à taper mon nom dans Wikipédia ? - je suis tombé sur Æneus Salvius Amandus Augustus, un brigand gallo-romain du IIIe siècle après Jésus-Christ, connu également sous le nom d'Amandus, que le traducteur de « Abrégé d'Histoire Romaine » de Eutrope traduit par Amand. Pas besoin d'être un maître latiniste ou un pro de l'antiquité pour faire le lien entre Amandus (le brigand romain), amandus (le terme latin signifiant "qui a besoin d'être aimé" servant d'origine à mon nom de famille), et bien sûr Amand (mon nom de famille).
Vous pensez sans doute que je deviens dingue, en cherchant à prouver que je suis parent avec un obscure rebelle de l'antiquité. Pas du tout. Je trouve juste intéressant d'avoir trouvé un personnage de l'antiquité qui porte le même nom de famille que moi. Vous n'allez tout de même pas me faire croire que vous ne seriez pas curieux de connaître qui est ce personnage historique qui porte le même patronyme que vous ?
Æneus Salvius Amandus Augustus est un rebelle qui organisa une révolte dans le nord est de la Gaule en 285 après Jésus-Christ. Après la mort de l'empereur Carin en 285, secondé par un nommé Élien (en latin Aelianus), il prit la tête d'une troupe de voleurs, d'esclaves fugitifs, de paysans, et surtout de petits propriétaires ruinés par les impôts réunis sous le nom de Bagaudes. Plusieurs théories se confrontent pour trouver une origine au mot « bagaude ».
Si certains font dévirer « bagaude » du mot gaulois « baga » qui signifie lutte, d'autres y voient plutôt une origine latine et pensent que « bagaude » tire son origine dans le mot « baca » (ou bacca) qui en latin est le nom que l'on donne à un fruit sauvage qui pousse dans les forêts et les brouissailles. En passant par le gallo-romain, ce mot serait devenu « bacatus » puis « bagatus » et aurait permis de définir quelquechose qui appartient à des contrées d'arbres, d'arbustes et de ronces ». On pourrait alors définir les bagaudes comme des gens « appartenant au maquis ».
Élien et Amandus, s'étant fait donner le titre d'empereur, portèrent la désolation partout, ravageant les campagnes, brûlant les villages et rançonnant les villes. L'empereur Dioclétien (245-313) envoya contre eux César Maximilien, surnomé « le descendant d'Hercule » qui les affaiblit par plusieurs petits combats, puis les força de se retrancher dans une citadelle près de Paris que l'on a depuis nommée Saint-Maur-des-Fossés. César Maximilien se rendit maître de cette forteresse, la rasa, et tua tous ceux qui s'y trouvaient dont Amandus.
Maximilien Hercule
(Musée Saint-Raymond de Toulouse.)
Si on se base sur le travail de Abel Hugo (le frère de Victor), le règne de Amandus et Elien, empereurs des Gaules, a eu une durée et une importance plus considérable que ce que les auteurs latins (par exemple Orose, Eutrope ou Aurelius Victor) ne pourraient et surtout ne pouvaient le faire croire. Ces deux empereurs auraient ainsi fait frapper des médailles qui seraient arrivées jusqu'à nous. Chateaubriand émet à ce sujet une réflexion qui nous montre qu'il a pressenti également que sous le nom de Bagaudes pouvait se cacher quelques hommes héroïques. "Ces médailles nous sont parvenues, dit-il, moins comme une preuve historique du pouvoir d'un maître que comme un monument de la liberté.". Dans " Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts" (volume 3, publié en 1701), on trouve même une description de cette pièce: "Celle d'Amandus est très petite: mais fort nette: celle l'Aelianus est un plus grande (...), la tête du tyran rayonnée, le visage plein et la barbe fournie." Sans vouloir prendre le parti d'un auteur en particulier, il faut avouer que pour un auteur antique, raconter qu'un groupe de paysans gaulois à tenu tête aux légions romaines, ça aurait fait un peu désordre. Chose étrange tout de même, on trouve beaucoup de traces écrites des dites monnaies comme par exemple dans le "Roman Imperial Coinage" (voir le document qui suit), mais très peu de traces iconographiques.
Extrait du RIC (volume 5b)
Certains auteurs, là aussi je crois qu'il faut prendre un peu de recul, font de Æneus Salvius Amandus Augustus ainsi que d'une majorité de ses hommes des chrétiens qui seraient même devenus des saints et des martyrs. Pour ma part, Je doute que ce soit possible car nous sommes au IIIe siècle et le christianisme n'avait pas encore pénétré les campagnes gauloises.
Quoi qu'il en soit, mes recherches continuent et je ne manquerai pas de vous tenir au courant de nouvelles découvertes que je pourrais être amené à faire. Merci de m'avoir lu jusqu'au bout. :-)
bibliographie:
L'empire romain tardif 285-395 ap. J.C. (Par Yves Modéran, publié en 2006)
Histoire abrégée des empereurs romains (Par M. Beauvais, publié en 1767)
The Roman Imperial Coinage
Roman Coins and Their Values (par Devid R. Sear, édition de 1994)
Abrégé d'histoire romaine (par Eutrope)
Livre des Césars (par Aurélius Victor)
Histoires contre les Païens (Par Orose)
Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts
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